Célébration de l’art africain contemporain

L’événement prévoit des rencontres, des débats, des ateliers de peinture et des installations ainsi que des soirées musicales et poétiques.

Le Symposium international annuel de la Maison d’art contemporain Asilah-Briech rempile pour sa troisième édition, du 26 mai au 4 juin, à travers une thématique tout à fait exceptionnelle : «La route de l’or de Sijilmassa à Tombouctou». Cette fois-ci, il promet aux passionnés et amateurs d’art tout un voyage dans une dizaine de pays d’Afrique à travers leurs créativités contemporaines.

Des artistes du Sénégal, Mauritanie, Niger, Tchad, Égypte, Libye, Algérie, Tunisie, Soudan et du Maroc, partageant le même héritage culturel commun, entendent, ainsi, le renouveler par un autre regard, nous faisant découvrir ce qu’est vraiment l’art africain, depuis l’itinéraire historique de l’or de Sijilmassa à Tombouctou. Une idée géniale que l’Association pour l’art et la culture (APAC) s’est donnée la peine à réaliser en rassemblant toutes ces forces artistiques africaines au Maroc, tout en procédant tout au long de l’événement à l'organisation de rencontres, de débats, d'ateliers de peinture et d’installations ainsi que de soirées musicales et poétiques.

«En parallèle à ces activités, nous organisons, le 27 mai, un colloque autour de “l’impact de l’art africain sur l’art occidental” où interviendront plusieurs artistes, critiques et intellectuels d’Afrique et d’Orient. Mais, il faut dire, aussi, ce rassemblement d’artistes au cours de ce symposium permet à des plasticiens de travailler ensemble, de discuter de l’art dans ces pays d’Afrique. Ce sont de grands moments d’intimité où il y a un échange d’expériences plastiques, qui donne lieu naturellement à des interférences qu’on ressent dans les travaux de certains. C’est ce qui nous réchauffe le cœur, malgré le peu de moyens dont nous disposons pour exaucer notre rêve. Celui d’être reconnus et d’aller de l’avant avec notre projet auquel nous croyons avec force. Car nous sommes tous, dans notre association, passionnés et convaincus par ce que nous faisons. Nous souhaitons que la culture et l’art deviennent un jour l’une des préoccupations essentielles de notre pays. Puisque c’est à travers eux que nous véhiculons l’image du Maroc ouvert sur le monde. Un Maroc de partage, de tolérance, de paix et de dynamisme», souligne Ahlam Lemseffer, artiste et présidente de l’APAC.

Ce Symposium vient, ainsi, raffermir les liens culturels entre le Maroc et son continent, l’Afrique, après la réussite des thématiques précédentes qui ont célébré les artistes marocains du monde, ainsi que ceux de la Méditerranée et du Moyen-Orient. Ce troisième projet, organisé sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, se veut un espace de rencontres et d’échanges entre des artistes de l’Afrique, dont les créativités ont, de tout temps, inspiré beaucoup de plasticiens occidentaux, comme le précise l’artiste plasticienne Ahlam Lemseffer. Elle ajoute que malgré cette influence, reconnue par certains d’entre eux, «l’art africain se trouve souvent réservé aux musées anthropologiques.

On n’en retient que masques, peinture naïve et art de récupération. En réalisant ce Symposium, nous comptons démentir ce préjugé et faire découvrir la vraie facette de cet art ô combien riche et diversifié. Car l'Afrique est le berceau de l'art contemporain. Nous avons en effet tendance à ignorer ou à oublier que l'art africain est à l'origine de l'art occidental. Au début du 20e siècle, nombre d'artistes européens se sont inspirés de l'art africain en le découvrant lors de l'exposition universelle. Parmi eux, nous pouvons nommer Gauguin, Picasso, Derain, Braque, Matisse, Vlaminck et bien d’autres. D’ailleurs, Picasso avait déclaré avoir trouvé son chemin après avoir découvert l’art africain», explique la plasticienne Ahlam Lemseffer.

Ouafaâ Bennani, LE MATIN 22 mai 2015 - 17h34